Post-vérité, fake news et bullshit : comprendre, décoder et agir dans un monde saturé d’informations
Jamais l’humanité n’a eu autant accès à l’information. Et pourtant, la vérité semble n’avoir jamais été aussi fragile. Nous vivons dans une ère où les faits n’ont plus la même force que les émotions, où l’on “ressent vrai” avant de “savoir vrai”. Cette époque, celle de la post-vérité, se caractérise par la montée des fake news et du bullshit, ces discours indifférents à la réalité mais puissants par leur forme.
1. Qu’est-ce que la post-vérité ?
Le mot “post-vérité” désigne une société où les faits objectifs pèsent moins que les émotions et les croyances. Autrement dit, peu importe si une affirmation est vraie — ce qui compte, c’est si elle nous touche.
Exemple réel : les “faits alternatifs” de Donald Trump. Lors de sa présidence, Donald Trump et son équipe ont popularisé l’expression “alternative facts” pour justifier des déclarations fausses, notamment sur la taille de la foule à son investiture. Selon une analyse du Washington Post, il a prononcé plus de 30 000 affirmations fausses ou trompeuses durant son mandat. Source : https://www.washingtonpost.com/politics/interactive/2021/timeline-trump-false-claims/
2. Fake news : l’arme de manipulation massive du XXIe siècle
Les fake news exploitent nos biais cognitifs et la puissance virale des réseaux sociaux. En juillet 2024, un faux clip BBC prétendant révéler un financement ukrainien de la campagne de Trump a circulé sur X (Twitter). Reuters Fact-Check a prouvé qu’il était généré par IA. Source : https://www.reuters.com/fact-check/fake-bbc-news-clip-saying-ukrainian-businessmen-funded-trump-campaign-2024-07-19/
3. Le règne du bullshit : quand le sens s’efface derrière les mots
Le bullshit, selon le philosophe Harry Frankfurt, désigne un discours indifférent à la vérité. Un exemple emblématique est celui de Volkswagen et du scandale du “Clean Diesel”. L’EPA américaine a révélé en 2015 que la marque avait installé des logiciels truqueurs pour fausser les tests d’émissions. Source : https://www.epa.gov/vw/learn-about-volkswagen-violations
En conditions réelles, les émissions dépassaient jusqu’à 40 fois la norme légale. Source : https://www.theguardian.com/business/2020/apr/06/volkswagen-installed-thousands-unlawful-defeat-devices-high-court-dieselgate
4. Post-vérité et société numérique : le rôle des algorithmes et de l’IA
Les réseaux sociaux amplifient les contenus polarisants, renforçant les bulles de filtres. Les deepfakes produits par IA, comme les vidéos truquées de dirigeants politiques, rendent la désinformation quasi indétectable.
5. Comment résister à la post-vérité ?
L’éducation aux médias et à l’information est essentielle. Des initiatives comme Les Décodeurs du Monde ou AFP Factuel aident à vérifier les faits. Les communicants ont aussi une responsabilité : dire moins, mais dire juste, et admettre l’incertitude quand elle existe.
6. Vers une communication responsable et authentique
La sincérité est devenue un avantage concurrentiel. Des marques comme Patagonia assument leurs contradictions et privilégient la transparence. L’authenticité n’est pas naïve : c’est une stratégie durable fondée sur la cohérence entre parole et action.
Conclusion : réhabiliter le vrai pour réhumaniser le discours public
La post-vérité, les fake news et le bullshit ne sont pas des accidents : ils sont les symptômes d’une société en crise de confiance. Mais le vrai n’a pas disparu, il s’est simplement noyé dans le bruit. Réhabiliter la vérité, c’est réhabiliter le lien humain, la parole sincère, et la responsabilité partagée de communiquer juste.